jeudi 14 avril 2011

Gagner sa vie

En plus tu écoutes.
Angèle
Je n'ai jamais touché le gros lot d'un tirage quelconque mais toi.. tu m'as donné la chance inouïe d'être toi. Tout simplement. Je ne pouvais pas attendre ou espérer mieux.
Ce mercredi soir la sage femme finissait de diner avec ces collègues pendant que ta mère exerçait quelques figures de contorsionniste professionnel sur le siège de la salle de "travail", procurées par quelques contractions emplies de douleurs - quelle chochotte !- Tu n'es pas encore là, et déjà on te pose dans "une salle de travail". Tu vas voir, avec le temps elles sont pareilles -voire pire parfois-. Froide, décoration sommaire, avec des instruments étranges et des écrans auxquels on ne comprend rien. Avec un peu de chance, tu peux même partager ce petit paradis avec un gros plein de sueur et les cheveux gras, qui adore pousser la clim à fond dès qu'il fait plus de 23° et te soutient que l'écologie est le seul avenir politique possible.
On y va tous les lundis matins en moon walk, on bat des records de sprint tous les vendredis après midi pour en partir...et on appelle ça "gagner sa vie". Comme toi Angèle : ce soir tu vas gagner ta vie. Mais là c'est pas un virement bancaire au bout.

Bref notre amie la sage femme d'une bonne corpulence, semblait enchainer les naissances comme un flic rempli des contredanses sur les grands boulevards. Easy baby. Les mesureurs aux noms barbares, bipaient dans leur coin, et elle lisait les impressions papier avec des courbes sismiques auxquelles seul les initiés peuvent donner sens. Elle se tourne alors vers moi et me dit "Allez le "Papa" il faut qu'il parle à sa fille pour stimuler sont rythme cardiaque".
Ben voyons ! Appelle moi Truffe. Je vais parler à un ventre sous les cris de douleurs de sa propriétaire, et ça va changer quelque chose !? Mais oui... mais allez... ouai c'est ça... bon appétit !

N'ayant rien d'autre à faire en cet instant (oui Angèle là il n'y a pas de radio, TV, revues, cocktails ou quoi que ce soit qui puisse te faire patienter agréablement pendant que ta femme "travaille"), et ta mère ayant, elle, avouons-le, ce soir là, une conversation assez limité, je m'exerce à te parler.
Oh pas de Areu areu idiots ni autre choubidouwouas, mais un pur français avec un conseil :

"Ma fille ce soir c'est le jour des 40 ans de mon pote Ronan. Il est 21H. Tu te débrouilles comme tu veux ! mais tu es là avant minuit parce que, d'un, je ne vais pas passer la nuit avec ta mère qui hurle, et de deux ça serait top d'avoir 40 ans d'écart avec Ronan. Bonus pour lui on oubliera plus son annif. Mieux il n'oubliera plus le tien non plus. Cool non ? Ça s'appelle la réciprocité. Bref tu feras plaisir à tout le monde. Alors ZOU tu me montes ce rythme cardiaque là, parce que t'as du pain sur la planche. Et quand on voit les formes que tu as donnée à ta mère, tu comprendras que la planche c'est pas elle !"


Ni une ni deux, ton tempo de blues peinard c'est brutalement mis à me faire du hard rock, puis du métal, évolution soudaine vers le speed métal, et pour finir un solo de batterie à faire pâlir le percussionniste de Very hard trash fuck métal (assez rare avouons-le). Bref t'as tout donnée.

21h30 après l'arrivée en trombe de notre bonhomme de sage femme et du gynéco de service, tu as mis un temps record pour sortir. 21h48 te v'la !
Ben merde alors. Je t'ai demandé de faire vite, pas de bâcler, Angèle merde alors !
Mais non c'est pas bâclé, c'est net propre rapide en un mot "efficace".
T'as même pas pleurée. Un p'tit "ouin" histoire de dire bonsoir et puis c'est tout.

Bon OK allez j'avoue j'ai été bluffé. Tu écoutes en plus.. tu dois tenir ça de ta mère. Parce que l'esprit de contradiction avec un fond de mauvaise fois c'est plutôt moi.


On t'a posée sur ton premier repas, du colostrum premier choix : AB, NF, CE, Iso9001 etc; tu t'es minablement endormie dessus ! AH BEN BRAVO. Ta mère avait les seins tout gonflés depuis des semaines et mademoiselle boude la soupe ! Non ? Tu ne boudes pas ?? Mais... mais tu pionces !
En cet instant je me remémore cette expression populaire : "la pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre". et je n'ai pas envie de croiser un miroir.

Tu es monté avec maman dormir dans ta chambre, vous laissant faire connaissance, et moi je suis rentré à la maison tout seul. Je me suis servi un nectar de 18 ans d'âge avec une clope, sur le balcon le nez sur la ville muette, en me disant qu'il y en avait une de plus parmi sa population mais qu'elle était à moi.

Silence...

2 commentaires:

Vince a dit…

Gainsbourg t'aurais dit "Le masque tombe, l'homme reste, et le héros s'évanouit"

Elle est jolie la porte de ta blogosphère.

Vince

VeCh a dit…

Très joli blog. Façon originale de se présenter.